Sophrologie et le Nez (le parfum)

sophrologie pratiques et perspectives n°22 janvier 2019

Article paru en Janvier 2019 dans le magazine:
« Sophrologie, Pratiques et Perspectives » (n°22)

Le parfum a le pouvoir de « secouer des souvenirs dans l’air », dit Baudelaire.

« Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l’eau d’une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air.

Je vous propose un voyage au cœur de notre nez

  • L’olfaction
  • La mémoire olfactive
  • Les dysfonctionnements du nez
  • L’odorat chez le nourrisson
  • Les rôles de l’odorat
  • Une séance de sophrologie « pour développer son odorat »

L’olfaction est la fonction sensorielle qui correspond à la perception des substances odorantes. Il s’agit généralement de la perception consciente, qui peut être sollicitée par voie directe (flairage) ou par voie rétro-nasale. Cette fonction est assurée par la muqueuse olfactive qui recouvre environ 10 cm2 de la surface de la muqueuse nasale. Des cellules glandulaires, présentes dans la muqueuse et dans la sous-muqueuse, sécrètent un mucus tapissant l’épithélium olfactif, ce qui assure un lavage permanent de la muqueuse.

Cette muqueuse olfactive est composée de neurones olfactifs, bien plus sensibles que les gustatifs. Ces neurones sont des neurones spécialisés bipolaires : ils présentent des cils à l’extrémité des dendrites qui baignent dans la couche de mucus tapissant la cavité nasale, un corps cellulaire situé dans le premier tiers de la muqueuse, et un axone communiquant avec le bulbe olfactif et dont la partie externe, ciliée, aboutit dans l’épithélium olfactif. Les neurones olfactifs, comme les neurones gustatifs, et contrairement aux autres neurones, se renouvellent constamment tous les mois ou deux mois.

Les molécules odorantes arrivent soit directement par diffusion dans le mucus, soit sont prises en charge par des protéines de transport (odor binding protein ou OBP) qui permettent aux molécules hydrophobes – majoritaires – de pénétrer dans le mucus recouvrant l’épithélium, et ainsi d’atteindre les récepteurs membranaires présents sur les cils des neurones olfactifs. On pense que ces protéines de transports concentreraient les molécules odorantes sur les récepteurs membranaires.

Chaque type de récepteur olfactif semble posséder une sensibilité particulière, qui recouvre partiellement, mais non totalement, celles des autres cellules. Cela signifie qu’une molécule définie active un ensemble unique de récepteurs (chacun de ces récepteurs répondant avec une intensité qui lui est propre). Les axones des neurones olfactifs portant le même récepteur convergent vers une même structure synaptique (glomérule) localisé au sein du bulbe olfactif. Cette activation « géographique » se traduit ensuite par un motif spatiotemporel nerveux particulier au sein du bulbe olfactif et interprétée comme une odeur par le cerveau.

Les milliers d’odeurs détectables par l’humain sont chacune crées par une substance odorante structuralement distincte des autres. Pour être odorante, la substance doit avoir un poids moléculaire compris entre certaines valeurs et être volatile. Le mécanisme est encore assez mal connu, mais des progrès considérables ont été accomplis ces dernières années dans sa compréhension suite à la découverte des gènes (plus de 1 000, soit 3 % des gènes humains) qui codent les protéines réceptrices des odorants. Chaque neurone olfactif n’exprimant qu’un ou quelques-uns de ces gènes, de nombreux récepteurs olfactifs sont donc nécessaires. Les neurones exprimant un même gène de récepteur olfactif transmettent tous leurs potentiels d’action à une même petite zone du bulbe olfactif

L’odorat humain est considéré comme l’un des sens les moins développés. Cependant, l’olfaction reste d’une grande importance dans la détermination consciente ou inconsciente de nos comportements. Il existe, en pratique, deux seuils perceptifs. Le plus faible correspond à la détection d’une odeur, mais que le sujet ne peut identifier. Le second seuil correspond à l’identification de l’odeur en question. Certaines molécules, comme les thiols, se détectent à des taux beaucoup plus faibles que d’autres.

Bien qu’empruntant des voies nerveuses distinctes, l’odorat et le goût sont étroitement liés et une grande partie de ce qu’on attribue au goût dépend en fait de l’odorat. Ainsi, si l’organe olfactif est congestionné à cause d’un rhume, les sensations de goût s’en trouvent considérablement réduites.

La mémoire olfactive

Il suffit parfois d’une odeur pour raviver en nous un souvenir d’enfance que l’on croyait avoir oublié.

Marcel Proust dans son roman A la recherche du temps perdu a ainsi évoqué le parfum des madeleines trempées dans le thé et analysé le souvenir qui s’y rattachait « Mais quand d’un ancien passé rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore plus longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à entendre, à espérer, sur la ruine de le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir … ».

La mémoire olfactive semble avoir une plus grande longévité que d’autres systèmes sensoriels. Il semblerait que la mémoire olfactive ne fonctionne pas de la même manière que la mémoire visuelle ou auditive, car non seulement elle résiste mieux au temps mais également car elle enregistre en même temps que l’odeur, le contexte sensoriel et émotionnel.

L’odorat est le système sensoriel le plus ancien et le plus primitif, il est celui dont l’accès au cerveau est le plus direct, et le plus court (vers le paléocortex, via le bulbe olfactif). Il semble beaucoup plus compliqué pour l’être humain de devoir enregistrer un son ou une image dans sa mémoire à long terme que d’enregistrer une odeur. Cependant les Hommes arrivent facilement lorsqu’il sente une odeur, à se remémorer des souvenirs, mais n’arrivent que très rarement à redonner le nom exact de cette odeur.

Les rôles de l’odorat

Bien que l’odorat soit un sens beaucoup moins essentiel chez l’humain que chez les animaux, il a aussi son utilité. L’odorat permet de détecter les dangers potentiels. Par exemple, l’odeur de la fumée nous rend plus vigilants.

L’odorat joue aussi un rôle pour déterminer si la nourriture est toujours bonne. Ce sens est d’ailleurs responsable en partie de la détection des saveurs.

Les odeurs sont également fortement liées aux émotions, positives ou négatives. Dès 3 ans, les enfants peuvent ressentir du plaisir lorsqu’ils sont exposés à certaines odeurs.

Il existe en effet un lien important entre les odeurs et les souvenirs. Certaines odeurs évoquent l’enfance : le lilas du jardin, les tartes de grand-maman, la lotion après-rasage de papa, etc.

Ce lien s’explique par le fait que le système olfactif est localisé dans une partie du cerveau qui est également responsable de générer des émotions et des souvenirs. Ce lien n’est toutefois pas à sens unique. Les émotions influencent la perception des odeurs. Par exemple, une odeur désagréable est détectée plus rapidement qu’une odeur plaisante.

Une séance de sophrologie « pour développer son odorat »

Un voyage dans le monde des odeurs depuis notre naissance

Je m’installe tranquillement dans un endroit calme et reposant, je peux être assis(e), ou allongé(e), Tout en respirant profondément je prends conscience de l’air qui caresse l’intérieur de mon nez, de ce massage de mes parois nasales,… je ressens mes points d’appuis, le contact de ma tête, de mon dos, de mes fessiers, de mes jambes … ma respiration est calme et profonde, je ressens la température de l’air qui entre et de l’air qui en ressort légèrement réchauffé par l’intérieur de mon corps…

Je me laisse glisser sans effort dans cette douce sensation qui m’enveloppe, je laisse ce souffle de ma respiration m’apaiser, me bercer, me laver de toutes mes douleurs ou de toute ma fatigue… je me sens enfin libéré(e) et je me laisse respirer, et je respire tout ce qui se présente à moi, sans jugement, quelque soit l’odeur perçue, « ni bonne, ni mauvaise » juste une odeur pour ce qu’elle est, elle entre et elle ressort aussi naturellement… puis je laisse venir l’odeur de la glace à la vanille de mon enfance, puis de mes crayons de bois lorsque en classe je les tailler, puis le parfum du pain chaud à proximité de la boulangerie, et plus jeune encore, l’odeur du lait qui coule du biberon dans ma gorge légèrement tiédie, puis l’odeur de ma mère ou l’après rasage de mon père … je me retrouve soudain dans un environnement confiné peut-être le ventre de ma mère, les odeurs me parviennent par le liquide amniotique et sont agréables ou désagréables … je les respire paisiblement, posément, puis je ressens tout mon corps comme engourdit par cette douce sensation qui m’enveloppe et me protège.

Par Isabelle FONTAINE

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