Qu’est-ce qu’un acouphène ?

Un acouphène est la perception d’un son non engendré par une vibration du monde extérieur et inaudible par l’entourage. Cette pathologie touche environ 8% de la population. Sur ceux-ci, 10% sont réellement gênés, soit en France environ cinq cent mille personnes. Dans ces quelques lignes, je vais vous expliquer mon approche du patient acouphénique. J’ai choisi délibérément de m’adresser à des lecteurs non médecins, mettant de côté autant que possible le vocabulaire technique.

Il est important que le patient se sente accueilli, écouté et respecté dans son symptôme, qu’il puisse ainsi parler de son acouphène. Celui-ci peut revêtir divers aspects, tant par sa tonalité, son intensité ressentie que son timbre, son ancienneté, sa périodicité.

L’examen ORL soigneux et complet recherche une cause organique à cet acouphène. Une telle cause est retrouvée dans 5% des cas environ. L’examen de l’audition (audiogramme) recherche une hypoacousie, permet de repérer la fréquence et l’intensité de l’acouphène, et peut être complété par un examen plus précis des voies auditives (Potentiels Evoqués Auditifs : PEA), et, en cas de nécessité, par une imagerie, scanner ou IRM. L’ORL, ainsi rassuré, peut alors tranquilliser son patient, en constatant avec lui qu’il n’y a pas de pathologie organique derrière son symptôme. L’acouphène est toujours un son d’intensité très faible (5 ou 10 décibels), donc très inférieur au bruit de fond ambiant, même s’il est parfois ressenti très intensément. Une séance est consacrée à des explications, tout d’abord quant au fonctionnement de l’oreille. Celui-ci est abordé de façon simple sans être simpliste, complète sans être complexe. Je vais ainsi accompagner mon patient dans un véritable voyage vers l’oreille.

Par exemple : laissons de côté le pavillon de l’oreille et entrons directement dans le conduit auditif externe, qui se termine par le tympan ; celui-ci est comme une peau de tambour qui vibre sous l’effet d’un son extérieur. Derrière cette « peau de tambour », on trouve la caisse du tympan, une cavité qui communique avec le nez par un fin conduit : la trompe d’Eustache. Dans cette cavité, on rencontre trois tout petits os, les « osselets », qui transmettent le son vers l’oreille interne, en forme d’escargot. Je passe sur son contenu.

L’oreille interne, ou limaçon, ou cochlée fonctionne comme un microphone : elle transforme le son en signal électrique ; c’est donc une succession d’ondes qui va se propager le long du « fil du micro », c’est-à-dire le nerf auditif, lui-même branché sur le cerveau. Le cerveau reçoit donc un signal électrique, qu’on pourrait comparer à un « code barre » ; il va lire ce code barre, le décoder et reconstituer une sensation sonore correspondante au son originel. C’est ainsi que l’on entend.

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