Un jour, quelque chose se passe dans la région de l’oreille : une otite, un coup, un traumatisme sonore (tel un pétard au 14 juillet), une infection virale (comme la grippe) ; ce peut être un médicament nocif pour l’oreille, un problème circulatoire tel une hypertension artérielle, un diabète. La liste est longue. Ce jour-là, l’oreille fait son travail, elle envoie un message au cerveau pour le prévenir : un autre « code barre », signifiant par exemple « douleur » dans le cas d’une otite ; et c’est là que le cerveau peut faire une erreur, en considérant simplement que ce message venant de l’oreille doit correspondre à un son extérieur, puisqu’il en est ainsi d’habitude. Le cerveau peut alors traduire à tout prix ce message en sensation sonore, et fabriquer un acouphène, c’est-à-dire une sensation sonore qui ne correspond pas à un bruit réel extérieur ; c’est, en fait, au départ une simple erreur de traduction d’un message.
A ce stade, en général, le cerveau se rend compte de son erreur, et, ne recevant pas d’autres messages témoignant d’un bruit extérieur, peut jeter ce message « à la corbeille ». Ainsi, l’acouphène s’arrête, l’information correspondante n’étant plus traitée.
Voyons ce qui se passe lorsque cet événement « acouphène » survient lors d’une période de stress. Ce stress peut revêtir des aspects divers ; il peut s’agir de fatigue, de surmenage, de pression, de harcèlement, d’une maladie, d’un deuil, d’une séparation affective, d’un déménagement, etc.
En période de stress, le cerveau est en état d’alerte et devient plus attentif. C’est ainsi qu’au lieu de jeter ce message « acouphène », il peut décider de le conserver et de le relire en boucle. Tant qu’il le relit, la sensation d’acouphène persiste et il y alors un phénomène de focalisation sur ce symptôme. Pourtant ce n’est pas tant le symptôme lui-même que l’interprétation que l’on en fait qui gêne. Il s’agit alors de voir avec chaque patient comment il interprète son symptôme, quelles sont les pensées non fonctionnelles qui s’installent, de pouvoir les décoder, pour s’intéresser à celles qui génèrent anxiété, angoisse et peuvent ainsi entretenir l’acouphène.
Parmi ces pensées dysfonctionnelles, certaines sont particulièrement récurrentes :
- Mon acouphène va s’aggraver.
- Mon acouphène va durer indéfiniment.
- Mon acouphène va me rendre sourd(e).
- Je ne vais plus pouvoir supporter mon acouphène.
- Mon sommeil est perturbé à cause de mon acouphène.
- Il n’existe aucun traitement contre l’acouphène.
- Ma vie sociale et familiale va être grandement altérée par mon acouphène.
Il est important de pouvoir repérer toutes ces pensées et d’apporter au patient des informations précises, claires et adaptées. Ainsi, l’acouphène ne rend pas sourd, il y a souvent une surdité préexistante qui peut entretenir l’acouphène. De même, 90% des patients ayant un acouphène voient leur gêne s’atténuer, voire disparaître dans un délai d’un an.